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Les rêveries d'un rêveur...
3 juillet 2008

Neil Young - Halle Tony Garnier (Lyon) le 25/06/08

billetneilyoung



Quand ce n’est pas le père, c’est le fils ! En effet, c’est avec le père de Thibault que je pars assister à ce concert inespéré. Je n’arrivais pas y croire, je voir jouer Neil Young, influence majeure pour tout musicien folk, rock, grunge, country...

Arrivés sur place avec une heure d'avance, nous nous empressons d’avaler un kebab et un soda pour pouvoir rejoindre la queue impressionnante qui s’était déjà formée. Mais l’attente fut assez courte, et ainsi arrivons-nous dans cette salle très atypique réputée au son laborieux. L'âge moyen des spectateurs était plutôt avancé (autour de 45 ans), cela change furieusement des concerts auxquels j’ai l’habitude d’assister ! Nous nous retrouvons à une dizaine de mètres de la scène, dans la fosse, un peu excentrés à droite. Conditions idéales.

Première partie terrible ! Des francophone en plus ! Dommage, je ne me souviens plus de leur nom et ce n’est pas marqué sur le billet... Du bon vieux rock qui met de l'ambiance. Enfin, façon de parler, avec la frilosité décevante du public. Dommage, car je les ai trouvé vraiment à la hauteur. Le chanteur était à fond dans son trip, c’était assez drôle à voir. Fin de la première partie sur une chanson vantant les mérites du Whiskey (« The Whiskey Time ») avec une bouteille de ce doux breuvage qui fit le tour du groupe.

Tout le monde a maintenant l'esprit ailleurs. Ca commence à siffler et à scander « Neil Young ! Neil Young ! »… Moi qui suit d’habitude très patient, je dois avouer que l’attente fut vraiment longue. Enfin, les lumières s’éteignent, dans quelques dizaines de secondes, le Loner va rentrer sur scène...

D’après les set list de Vérone et de Florence, le concert s’annonçait très électrique. Dès le début, Young donne le ton. « Mr. Soul », « I've Been Waiting For You », pour le début, deux chansons que je connais mal, mais quelle entame ! Puis le groupe enchaîne sur le brulôt « Spirit Road » extrait du dernier album, c’est simple mais jouissif, une telle sincérité se dégage de son interprétation… Et ça enchaîne avec un long morceau de « Ragged Glory » que j’aime tout particulièrement, le vibrant « Love And Only Love » ! Mélodie parfaite, solos rageurs, ça envoie du bois ! Premier constat, la voix de Neil est absolument parfaite ce soir.

Et puis quelle énergie ! Je pense que le public a du être un peu désorienté par ce début de set dévastateur…

C’est à ce moment que le Loner choisit d’enfoncer le clou avec l’intemporel « Hey Hey, My My ». La foule se réveille enfin, c’est du pur délire ! De gros frissons m’ont traversé l’échine au moment où Neil prononça "It’s better to burn out than to fade away "! Concernant le son ce soir, rien à redire, je m’attendais à bien pire que ça et finalement de là où on était, c’était parfait.

Le très mélodique « Too Far Gone » assure à merveille la transition entre la partie électrique et acoustique du concert. Neil Young, d'excellente humeur, demande si tout va bien nous dit que l'endroit (la salle ? la ville ?) a vraiment changé en bien depuis sa dernière visite. Il enfourche alors sa guitare acoustique et entame « Oh Lonesome Me »… Ouah, quelle claque ! On aurait dit qu’il était sur une étoile et qu’on avait juste à l’écouter et à le regarder pour venir le rejoindre tout là-haut. Cet homme nous ouvre tout simplement son cœur dès qu’il commence à jouer.

Puis Neil se dirige vers son harmonium et commence LE morceau du concert (pour ma part) : « Mother Earth (Natural Anthem) ». Ahhh ce titre... D'après un air traditionnel irlandais (entre autre repris par Renaud), Neil Young fait une chanson absolument bouleversante. La version studio (figurant à la base sur l’album « Ragged Glory ») est chargée de guitares ultra saturées et je ne m’attendais pas du tout à le voir seul avec son harmonica, son harmonium et bien sûr sa voix, pour nous interpréter cette merveille. Mes yeux s’embuèrent tout seul. Alors tant pis si les ingénieurs du son avaient oublié de rebrancher les micros des choeurs. Neil a suffi...

Puis toujours seul mais avec sa guitare cette fois-ci, Young nous joue l’immense « The Needle And The Damage Done » (un de mes morceaux préférés d’Harvest). Encore un grand moment, dont on aurait aimé qu’il dure toute la nuit…

Aucun morceau d’ « Harvest Moon » n’avait été joué lors des concerts précédents en Italie et je m’étais résigné à ne pas en entendre ce soir. Et là, magnifique surprise, retour du groupe en entier pour entamer le sublime « Unknown Legend » ! Ce morceau renferme une telle beauté, une telle nostalgie…

Neil Young sait quand c’est le moment de distiller ses grands classiques. Toute la salle l’attendait, et ce moment arriva : les premières notes d’ « Old Man » retentirent et je pense qu’à cet instant précis, tout le monde a ressenti la même émotion.

Mais à peine remis de ce sommet musical, le Loner passa encore à la vitesse supérieure avec une fabuleuse interprétation de « Words (Between The Lines Of Age) »… Quelle voix, et ce changement de rythme, pffiou vraiment bouleversant…

Le concert reprend alors sa tournure bien électrique avec une version rock de « Get Back To The Country ».

Et là le miracle ! Neil joue « No Hidden Path », un des meilleurs titres de son dernier album « Chrome Dreams II » dans une version absolument prodigieuse ! Neil ne veut plus arrêter son solo de guitare et la chanson est partie pour durer encore bien plus longtemps que la version studio, qui fait déjà quatorze minutes (excusez du peu) ! Apparemment vu la tête des autres musiciens, c'était de l'improvisation totale. Neil était en transe. Et ce titre possède un tel groove, un tel feeling, que les minutes défilent comme des secondes…

A un moment, il décide de se rapprocher d'un projecteur et le fil de sa guitare se coince dans le piano. Patatra, il se retrouve par terre mais le jeune homme de 63 ans ne s'arrête pas de jouer pour autant ! Il se relève tant bien que mal et continue le morceau, non sans avoir donné un coup de pied rageur à l'enceinte sur laquelle il est tombé ! Deux minutes plus tard, il pointera un doigt en forme de revolver en direction d’un des techniciens (apparemment fautif dans l’affaire du câble coincé). Neil est vraiment déchaîné. Il retourne vers son groupe mais continue toujours de jouer. Finalement, complètement lessivé, il termine le morceau dans un véritable déluge sonore. Une formidable ovation se répand dans la salle ! Tout le public est complètement abasourdi, conscient d'avoir vécu un moment phénoménal !

Premier salut. La foule en redemande, tout le monde sans exception scande le nom de cette légende vivante…

Le Loner revient, non sans s’être fait désiré. Je m’attend à « All Along The Watchtower » de Dylan, titre qui a été joué en rappel lors des deux dernières dates. Mais non ! On a le droit à 100, que dis-je à 1000 fois mieux ! Neil va interpréter une fantastique et intouchable chanson des Beatles « A Day In The Life ». Selon moi, peu d’artistes ont le droit de s’attaquer à un tel monument. Neil Young fait partie de ceux-là. A la fin, Young arrache les cordes de sa guitare. Puis s’en va. Définitivement. Quelle classe, quelle arrogance… Cet homme nous aura tout simplement « pissé à la raie ».

Encore une ovation dans la salle ! Le groupe repart dans les coulisses et la foule continue de hurler. Mais ils ne reviendront pas malgré l'insistance du public. Apparemment, un autre rappel était prévu mais il faut croire que l'impro intense de Neil Young sur « No Hidden Path » l'avait complétement vidé. On ne peut pas lui en vouloir vu la version du morceau. En tout le concert aura duré 2 heures.

Sincèrement 55 euros pour ce qu’on a vu ce soir, c’était vraiment peu. On ressort d’un concert de Neil Young apaisé, comme après un retour aux sources. Ca sent la terre, le feu, les valeurs humaines. Cet artiste est toujours resté intègre malgré ces quarante ans de carrière et ses 42 albums. A 63 ans, après avoir fait une rupture d’anévrisme il y a 3 ans, Neil Young pète la forme et chante à la perfection. Des solos déments, une véritable pèche, des sauts en l'air… Et une véritable hargne dans ses yeux, signe qui ne trompe pas.

Bilan : j’ai vécu le deuxième plus beau concert de ma vie, derrière Sigur Ros en 2005 et juste devant Syd Matters en 2008... Merci M. Young.

Vinc.

VIDEO (Rappel) Début de A Day In The Life (Beatles Cover) 

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